Histoire des Mines de La Mure, en Isère

Les mines d'anthracite de La Mure

Quand les Houillères du Bassin du Dauphiné-Centre-Midi ont fermé la mine de La Mure le 28 mars 1997, c’est une page de l’industrie dauphinoise qui s’est tournée. Pendant deux siècles, des générations de Matheysins ont creusé leur sol pour en extraire l’anthracite. Les mines de La Mure, ancrées dans l’environnement affectif et culturel des Matheysins, ont dû céder devant le marché mondial du charbon. Le Pacte Charbonnier, signé le 20 octobre 1994 entre les Charbonnages de France et les partenaires sociaux (sauf la CGT), prévoit l’arrêt total de la production minière française en 2005, les mines de La Mure étant les premières à fermer. Aussi le Vieux Dauphinois se propose-t-il de retracer la vie de cette entreprise privée La Compagnie des Mines d’Anthracite de La Mure nationalisée en 1946 sous la nouvelle dénomination des Houillères du Dauphiné.

Les houillères du Bassin de La Mure

Le gisement d’anthracite de La Mure, situé à l’ouest du plateau Matheysin, s’étend sur 15 km de long et 3 – 4 km de large. Dominant la vallée du Drac, il est constitué de plusieurs couches inclinées dispersées sur une dénivelée de 1000 m. Au centre du Bassin, la base cristalline se relève en une colline exploitée par les galeries de La Motte-d’Aveillans, du Peychagnard… et du Villaret, à Susville (les dernières à avoir été en activité).

Le charbon de La Mure se caractérise par un minerai d’anthracite extrêmement riche en carbone et une irrégularité des couches rendant difficile son exploitation. Ce charbon, un bel anthracite à l’éclat vitreux et brillant, est remarquable par sa richesse en carbone (96%), sa dureté et sa faible teneur en matières volatiles : « il est le plus pur et le meilleur d’Europe », affirment les mineurs. Il a toujours été apprécié pour le chauffage domestique, brûlant régulièrement et avec peu de flammes. Une partie du charbon était écoulée en Matheysine et ses alentours pour les fours à chaux, et les forges des cloutiers, industrie prospère aux 17è et 18è s. Le reste était vendu dans la région de Grenoble.

Grâce au développement du chemin de fer et à la mise en place des entrepôts « Charbon de La Mure », l’anthracite sera commercialisé en France et à l’étranger. Offrant à partir de 1946, une gamme étendue de produits caractérisés par leur granulométrie, la production d’anthracite pur fut longtemps réservée à la S.E.R.S. (Société d’Electrodes Réfractaires en Savoie) qui fabrique les électrodes dans l’industrie de l’aluminium. Les « fines » étaient essentiellement vendues aux cimenteries et au chauffage urbain de Grenoble.

La Compagnie des Mines d’Anthracite de La Mure

Dès 1805, furent attribuées 6 concessions. Les trois plus importantes (La Motte, les Béthoux, et le Peychagnard) décidèrent de s’associer en 1806. M. Jules Giroud, géomètre et propriétaire d’une entreprise de travaux publics à La Mure, et concessionnaire du gisement le plus important, deviendra le directeur de cette Société. En 1813, la production atteignait 5.648 tonnes.

Après sa mort en 1813, sa veuve continua l’exploitation sous la raison sociale : « Les Héritiers de Jules Giroud et Cie ». Devenu par le rachat d’actions, propriétaire de la plus grande partie des concessions exploitées, M. Henri Giroud, son fils, prit la direction des mines en 1817. Il proposa de créer une compagnie unique en 1856 : « La Compagnie des Mines d’Anthracite de La Mure ». La production était de 75.000 t. en 1860. Son gendre, M. Eugène Chaper, lui succédera en 1875. Pour la première fois en 1879, l’extraction marchande de 100.000 t. est atteinte.

Le comte Henry de Renéville, petit-fils de Henri Giroud, lui succédera à son tour en 1890. Il augmenta rapidement la production de charbon : 200.000 t. en 1901, 400.000 t. en 1930. Il s’occupa particulièrement de la préparation des charbons, du développement commercial, et de la reconnaissance du gisement.

Les Houillères du Dauphiné

Au lendemain de la nationalisation, la situation était délicate : dispersion d’une multitude de petits chantiers, matériels vétustes… Pour remédier à l’épuisement progressif du minerai à La Motte-d’Aveillans, le centre d’exploitation se déplace en 1956 au Villaret, à Susville. On procède à la transformation radicale des méthodes d’exploitation, et la production atteint son maximum en 1966 avec 791.000 t., pour un effectif supérieur à 3.000 agents.

Mais en 1967, la récession apparaît avec la concurrence pétrolière.

En 1968, pour la première fois, le gouvernement annonce la fermeture des Houillères du Dauphiné pour 1975. La guerre du Kippour, puis le choc pétrolier, viennent relancer l’activité. La production oscille entre 300 et 400.000 t. en 1980, avec 1.000 ouvriers. En 1984, le gouvernement révise sa politique énergétique en privilégiant le nucléaire et le gaz. En 1989, le ministre de l’Industrie annonce que les mines de La Mure fermeront en 1994. Face à l’opposition des mineurs, de la population et des élus, les mines poursuivent leur activité jusqu’à l’élaboration du Pacte Charbonnier prévoyant l’arrêt total de la production de charbon en France pour 2005. La production longtemps stabilisée à 300.000 t. par an n’est plus que de 40.000 t. en 1996. Et le 28 mars 1997, l’exploitation de la mine cesse.

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