Ambérieu et l'aviation, une histoire centenaire
Le visiteur d’un jour débarquant à Ambérieu ne manque pas de s’étonner de la présence d’un avion de chasse fièrement dressé à l’entrée de la ville. Ce Mirage 3RD – les connaisseurs apprécieront – témoigne des liens anciens unissant la cité bugiste et l’aviation.
Cette histoire remonte aux glorieux débuts de la conquête du ciel par les aéronefs – les engins « plus lourds que l’air », par opposition aux aérostats, de type montgolfières ou dirigeables.
Dans la première décennie du XXe siècle, des drôles de fous volants risquent leur vie pour s’arracher à l’attraction terrestre à bord de frêles appareils de toile et de bois. Dans notre département, un de ces pionniers se nomme Louis Mouthier (1884-1970). Ce natif de Bourg-en-Bresse fait en 1909 l’acquisition d’un appareil de type Blériot IX et réalise ses premiers vols à partir du champ de Bellièvre, situé dans la plaine de l’Ain, à proximité d‘Ambérieu. Très vite, d’autres apprentis pilotes se joignent à lui. Dès 1910, Mouthier y inaugure un aérodrome et l’année suivante fonde l’École bressane d’aviation.
Durant l’été de 1912, un garçon de 12 ans, en vacances à Saint-Maurice de Rémens, se présente au terrain de Bellièvre et demande à faire son baptême de l’air, prétendant avoir l’autorisation parentale. Petit mensonge, grande conséquence : ce premier vol dans le ciel du Bugey décidera du destin de ce jeune garçon nommé Antoine de Saint-Exupéry…
Mais revenons à Ambérieu. Avec le premier conflit mondial, l’avion se mut progressivement en arme de guerre. L’heure n’est plus aux acrobaties de meetings ; l’heure est à la reconnaissance, à la chasse, au bombardement. De fait, l’École bressanne cède sa place à une École d’aviation militaire.
L’aérodrome se développe à mesure que s’éternise le conflit. En 1918, près de 500 élèves pilotes y sont formés. Durant l’entre-deux-guerres sont formés à la fois des pilotes civils et des réservistes. Dans le même temps, des entreprises civiles s’installent sur le site. À la déclaration de guerre en septembre 1939, les hangars d’une de ces sociétés sont réquisitionnés pour accueillir une chaîne de montage d’avions de type LeO 45. 450 exemplaires seront construits jusqu’à l’armistice.
En 1944, la libération d’Ambérieu offre un terrain d’aviation aux armées alliées engagées dans la campagne d’Alsace. De nombreux groupes de chasse l’utiliseront, parmi lesquels la 4e escadre aérienne des Forces françaises libres, équipée de P47 Thunderbold.
Après guerre, l’armée de l’Air s’implante définitivement à Ambérieu. L’ancien champ de Bellièvre devient le siège de la Base aérienne 278. Sa vocation originelle est la réparation et le stockage d’appareils et d’équipements. Les installations sont rénovées et le terrain doté une piste en dur en 1964.
Deux ans plus tard, la maintenance des appareils est arrêtée. Aujourd’hui, la BA 278 a surtout un rôle d’atelier industriel d’aéronautique (AIA), spécialisé dans la maintenance technique de matériels militaires.
Depuis 1982, la BA 272 porte le nom de Colonel Chambonnet, en mémoire de ce grand résistant, chef régional de l’Armée secrète, exécuté à Lyon en juillet 1944. Fait compagnon de la Libération, il repose au cimetière militaire du Val d’Enfer, à Cerdon, dans l’Ain.
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