Fleur de montagne, la violette

Au bois voisin,
Il y a des violettes…

La violette double double
La violette doublera.

J’irai au bois seulette
Cueillir la violette
Pour mettre à ma collerette.

Au plus profond des bois, seulette,
Est cachée la plus humble des fleurs, la violette.

Je suis la simple violette,
Sous l’herbe touffue, en cachette
Je fais mon nid.

Les violettes sont des fleurs
Qui dans leurs fragiles corolles
Abritent bien souvent des cœurs.

Viola odorata L.

L’histoire de la Violette

Si la violette est bien présente dans les chansons enfantines et dans l’iconographie populaire – cartes postales anciennes à thèmes -, elle n’a guère inspiré les poètes ni les chanteurs, contrairement aux autres fleurettes printanières, ses voisines des prés et des bois.

Cette petite plante vivace à fleurs solitaires, vit en colonies apparues en quelques jours, formant un beau tapis violet embaumant l’air. Les violettes poussent en petites touffes d’où sortent directement fleurs et feuilles, les fleurs se situant sur les côtés.

La violette fleurit en même temps que sortent ses feuilles, de février à avril. Elle aime les haies, les lisières de bois, les prés, les pelouses un peu humides, la mousse.

La tige, brune et écailleuse, est épaisse. Les écailles sont les traces de la base des feuilles des années précédentes. Cette tige est un rhizome qui développera d’autres tiges : en rampant à la surface du sol, elles s’enracineront facilement. Un bourgeon se forme et donnera naissance à une nouvelle plante l’année suivante.

Les pétioles (queues) des feuilles et les pédoncules (tiges) des fleurs partent directement de la souche (rhizome) en formant une touffe en forme de rosette.

Au bout d’un haut pédoncule qui naît à l’aisselle d’une feuille et qui se recourbe brusquement à son extrémité, se développe une unique fleur violet plus ou moins foncé, avec un cœur blanc. Elle comprend 5 sépales vert-marron, bien distincts des 5 pétales inégaux et disposés ainsi : 2 sont dressés, 3 rabattus vers le bas (celui du centre plus large et les 2 autres penchés vers lui).

Le pétale central se prolonge en un éperon qui se faufile entre les sépales. Pour irrégulière qu’elle soit, la gracieuse fleur de la violette présente, quand on la regarde de face, une symétrie par rapport à une ligne centrale.

Les 5 minuscules étamines sont surmontées d’une crête triangulaire jaune-orangé : 2 d’entre elles sont munies de 2 appendices recourbés qui vont s’introduire dans l’éperon où ils sécréteront le nectar.

Le pistil épais, vert clair transparent, se termine en col de cygne et surmonte l’ovaire qui a une seule loge centrale renfermant les ovules. Les grains de pollen tombent sur le pistil à l’intérieur même de la fleur, et la fécondation a lieu (sans l’aide des abeilles qui ne sont pas encore sorties à cette époque de l’année).

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La Violette, une fleur originale

La violette constitue un exemple, assez rare en botanique, de dimorphisme floral. En effet, vers le mois de mai, vont pousser d’autres fleurs, sans pétales, qui resteront à l’intérieur des sépales qui ne s’ouvriront pas. On dirait un bouton floral dont la croissance se serait arrêtée. À l’intérieur même de ces « fleurs », les grains de pollen tombent sur le pistil pour assurer la formation du fruit.

Le fruit est une capsule sèche, ronde, à 3 valves, qui s’ouvre spontanément à maturité et dissémine ses graines.

Les feuilles possèdent elles aussi un long pétiole assez souple ; d’un beau vert, elles sont arrondies en forme de cœur, finement dentées et pointues. Les jeunes feuilles naissent enroulées sur elles-mêmes des 2 côtés et se déroulent à mesure que grandissent leur pétiole et leur limbe. Plus tard, pousseront en même temps que les secondes « fleurs », d’autres feuilles plus allongées.

La violette odorante est la seule espèce, comme son nom l’indique, à posséder des fleurs parfumées. Son parfum est délicat, subtil et pénétrant.Ce sont des cellules se trouvant sur les pétales qui laissent échapper les essences odoriférantes qu’elles ont sécrétées.

Il existe de nombreuses espèces de violettes sauvages. Chez nous, poussent la violette hérissée, la v. de Rivin, la v. des bois, la v. des chiens, la v. des marais… Toutes sont sans parfum, ont des feuilles de formes différentes, des couleurs de fleurs allant du bleu clair au violet clair, voire roses ou blanches.

La violette symbolise la modestie, l’amour secret. Autrefois, les violettes étaient traditionnellement associées au deuil.

 

La Violette, une fleur comestible

La violette fait partie des plantes qui composaient la fameuse tisane pectorale, avec la mauve, le tussilage, le coquelicot. Au printemps, les grands-mères envoyaient les enfants recueillir les « têtes » des violettes qu’elles faisaient ensuite sécher à l’ombre, « étalées sur du papier de boucher, côté mat, en les brassant pour qu’elles sèchent bien », se souvient Mme Yvonne Dubois, « cela sentait bon ».

« Chaque année, au mois de juin, avant les foins, femmes et enfants allaient cueillir les violettes. Nous mettions un tablier avec une large poche devant, et, à genoux dans l’herbe, nous détachions les fleurs. On les étendait ensuite sur des toiles pour les faire sécher, en les remuant délicatement chaque jour : 6 kilos de fleurs fraîches donnaient 1 kg de sèches ! On allait les vendre en ville à des pharmaciens », nous a raconté Mlle Marie Berthet, de La Grave.

Avec les fleurs, on fabrique aussi des sirops, des pastilles, des bonbons… L’essence de violette est utilisée en parfumerie, en teinturerie.

« Violettes de février, fleuries sous la neige, déchiquetées, roussies de gel, laideronnes, pauvresses parfumées… ô violettes de mon enfance… » Colette

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