Les cueillir et les utiliser
L’action de cueillir quand on se promène dans la nature, c’est tout à fait normal : c’est naturel. C’est en effet un réflexe instinctif qui nous reste du temps très ancien où nous étions des cueilleurs-chasseurs. D’ailleurs, la grande satisfaction de revenir d’une promenade avec une cueillette vient certainement de là. Cueillir, c’est récolter et se nourrir des feuilles, fleurs et fruits que produisent les végétaux. Cueillir, c’est vivre de la nature, c’est vivre dans la nature.
Bien sûr, le monde moderne dans lequel nous vivons maintenant nous a un peu fait oublier l’existence de cette nature et il a rapidement pallié nos problèmes de nourriture. Et cueillir est peut-être devenu pour nous une action étrange et la nature s’est transformée en un monde mystérieux. Mais, aujourd’hui, nous changeons et le besoin de nature est plus fort. Par contre, il nous faut réapprendre cette nature : comment l’aborder, ses règles, son fonctionnement, ses ressources. Souvent nos loisirs réinvestissent cet espace naturel et nous redécouvrons le plaisir de la randonnée, de la découverte du milieu et de la cueillette.
Il n’y a en effet, à ce jour, jamais eu autant de gens qui ramassent les champignons, les châtaignes et les noisettes sauvages. Mais la cueillette doit avoir aussi un sens. Et nous redécouvrons également le plaisir de fabriquer nous-mêmes des plats et des préparations avec le produit de nos cueillettes. Et les deux sont liés car toute cueillette se doit d’être utilisée. Alors, laissons-nous aller avec toutes les précautions nécessaires au plaisir de vivre au milieu de cette belle nature productive. Car le plaisir, c’est la vie et la cueillette, c’est un plaisir de la vie.
Techniques de cueillette
La cueillette en milieu naturel est une occupation bien ordinaire et avant tout un plaisir. Mais, on le comprend bien, cette pratique obéit à certaines règles qu’il est impératif d’appliquer. En premier lieu, il est indispensable de respecter, dans tous les sens du terme, le milieu où vous intervenez. Il faudra donc, après s’être assuré que l’endroit n’est ni protégé, ni réglementé, garder à l’esprit pendant toute votre cueillette qu’il ne faut en rien compromettre la pérennité de la plante que vous cueillez. On se contentera d’une cueillette familiale, et dans tous les cas, on ne prélèvera au maximum qu’un quart du massif en place. Et ce prélèvement ne se fera, bien sûr, qu’avec beaucoup de précautions : ne pas arracher, ne pas abîmer, ne pas piétiner.
En amont, il faudra aussi s’assurer de la bonne identification de la plante à cueillir. Peut-être faudra-t-il s’aider d’un livre de reconnaissance botanique et en cas de doute persistant, ne pas cueillir la plante, de façon à éviter toutes confusions dangereuses. À chaque fois, on se contentera aussi de ne cueillir que la partie de la plante qui nous intéresse. En étant conscient que les prélèvements des bourgeons et des racines sont très préjudiciables. Les différentes parties de la plante doivent être récoltées à maturité : printemps et été pour les feuilles, été pour les fleurs et automne pour les fruits et les racines. Enfin, vous voudrez peut-être conserver les plantes que vous avez cueillies. Il faudra alors les faire sécher dans un endroit sec et aéré ou plus simplement les congeler pour en garder plus de fraîcheur. Vous pourrez également utiliser toutes les méthodes de conservation que sont : la stérilisation, les confitures ou les alcoolats. Voilà, fort de tous ces conseils et de toutes ces recommandations, vous pouvez maintenant à votre guise aller ”cueillir la nature”.
Spirala ulmaria – Rosacées
Elle porte bien son nom, cette plante qui, en plein été, balance du haut de ses grandes tiges ses belles fleurs blanches en plumets vaporeux, et le doux parfum d’amande qu’elle diffuse dans l’air nous transporte et nous submerge. La reine des prés pousse partout dans des lieux humides, voire marécageux, mais cela n’a pas l’air de la contrarier. Et l’été, on ira y récolter les inflorescences que l’on fera sécher à l’ombre afin de les conserver et les utiliser tout au long de l’année. En milieu rural, c’est depuis bien longtemps qu’on utilise la plante pour ses vertus médicinales et sa puissance aromatique. Il y a bien longtemps, on en faisait même une boisson fermentée et quelque peu alcoolisée qui pouvait s’apparenter à de la bière.
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Mais, aujourd’hui, on se contente d’utiliser les fleurs de reine des prés pour aromatiser les vins, les cidres, mais aussi les compotes de fruits et les confitures. C’est la fleur qui servira à toutes ces préparations. Attention, son parfum étant très intense, il faudra bien limiter les temps d’infusion ou de macération. Faites infuser à chaud, par exemple, quelques fleurs de reine des prés dans du vin blanc ordinaire et ce, pendant 5 minutes seulement, et vous obtiendrez, une fois sucré, un délicieux vin muscat. De la même façon, laissez macérer à froid pendant une heure une fleur de reine des prés dans une salade de fruits, elle diffusera un doux parfum d’amande à tout votre dessert. Le parfum de la reine des prés s’accommode d’ailleurs très bien avec le sucre. Et c’est pour cette raison que la plante est surtout utilisée pour l’élaboration de desserts tels que les crèmes, les flans et même les glaces. Il suffit de laisser infuser quelques fleurs de reine des prés dans de l’eau, du vin ou du lait pour que la plante enchante votre préparation.
HABITAT : terrain humide voire marécageux.
PARTIE UTILISÉE : la fleur cueillie tout l’été et utilisée fraîche ou sèche.
USAGES CULINAIRES : la fleur utilisée fraîche ou sèche pour faire des limonades, des vins de macération, des liqueurs ou des tisanes, mais aussi pour parfumer des salades de fruits, des confitures, des crèmes ou des sorbets.
Faites un sirop à chaud en faisant fondre 500 grammes de sucre dans 1 litre d’eau. Dans le sirop encore chaud, faites infuser pendant 5 minutes 5 belles fleurs de reine des prés. Filtrez et laissez refroidir. Montez en neige 2 blancs d’œuf et incorporez-les au sirop froid. Passez à la sorbetière et servez avec un vin blanc doux.
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