L’oiseau Savoyard

L’Oiseau savoyard Ou La Colombe Savoyarde

Il était autrefois courant, pour un anniversaire, d’offrir l’oiseau savoyard ou colombe, symbole de paix, de bonheur et de longévité. Découvrons cet étonnant objet d’art populaire emblématique de la Vallée d’Abondance et du Pays Gavot. Avec leurs ailes d’une finesse de dentelle, ces petits chefs-d’œuvre artisanaux frisent la virtuosité.

 

La fabrication de cet oiseau était motivée autrefois par le plaisir d’offrir – à l’occasion d’un anniversaire, d’une naissance ou d’un mariage -, mais sa fonction n’était pas uniquement décorative. L’oiseau est porteur d’une symbolique spécifique, entre superstition et croyance religieuse. Suspendu au plafond de la pièce principale de l’habitation, il était considéré comme un porte-bonheur, censé préserver la demeure qui l’abrite. En tournant sur lui-même, il chassait les mauvais esprits.

 

De fait, les oiseaux sculptés à ailes déployées se retrouvent en Europe, de la Scandinavie aux Balkans, en passant par la Suisse voisine, et jusqu’aux Amériques. Leur origine proviendrait, semble-t-il, de Russie, où l’on trouve trace dès le moyen âge de la dobraïa, “oiseau de bonté“, des peuples slaves, considérée comme un porte-bonheur. Existe-t-il un lien entre dobraïa et oiseau savoyard ? Le sujet demeure soumis à caution, car on ignore les circonstances entourant son apparition chez nous. Et le fait qu’il ne se retrouve que dans le Haut-Chablais renforce encore le mystère. D’aucuns pensent que les oiseaux sculptés auraient été rapportés d’Europe de l’Est par les paysans savoyards enrôlés dans les guerres napoléoniennes. D’autres y voient une origine beaucoup plus récente, par l’intermédiaire des soldats russes durant la Première, voire la Seconde guerre mondiale.

 

Quelle que soit son origine, l’oiseau s’est ancré dans la région. Et de nos jours, ils sont encore quelques-uns, du côté de Bernex et d’Abondance, à perpétuer ce savoir-faire hérité de leurs pères, à reproduire les gestes patiemment appris dans leur enfance. “C’est un de mes oncles qui m’a initié à la technique, vers l’âge de 13-14 ans, confie M. Charles Girard-Berthet, d’Abondance. Il m’a fallu plusieurs années avant de la maîtriser parfaitement, et beaucoup de patience et d’obstination. Mes premiers modèles étaient des plus sommaires : à peine une dizaine de plumes, contre 150 en moyenne aujourd’hui !”

 

Assister à la fabrication d’un oiseau est en soi un spectacle. Les artisans ouvrent d’ailleurs facilement leurs portes aux personnes intéressées. Il faut compter environ 2 heures pour un oiseau. Le fabricant prépare d’abord deux petits morceaux d’égale dimension (16 cm), un pour le corps et la queue, un autre pour les ailes – il arrive qu’un oiseau soit sculpté d’un seul bloc.  Avec son opinel (en général le n°8), il taille le corps et la tête, puis ménage des encoches à l’emplacement des ailes et de la queue, déterminant ainsi la ciselure des plumes. Ensuite, il fend le bois, dans le contre-fil, en autant de lamelles que lui permet la finesse du bois. Vient l’opération la plus délicate : une à une, il écarte les lamelles, celles-ci s’imbriquant les unes aux autres grâce aux encoches pratiquées. Se forme ainsi, comme par magie, le plumage déployé en éventail. On pratique de même avec le bloc des ailes. Que survienne un geste trop appuyé, qu’une lamelle casse, et l’oiseau est bon pour mettre au feu ! Pour y parer, certains usent d’une astuce : “ Juste avant de déployer les lamelles, je fais tremper le bois dans de l’eau tiède, pour l’assouplir ”, explique M. Benoît Folliet, d’Abondance. Les deux morceaux sont ensuite emboîtés, sans colle.

 

Aujourd’hui, la fabrication de l’oiseau savoyard se perpétue. Et la relève semble assurée, les Anciens transmettant leur savoir-faire aux plus jeunes. Comme autrefois …

Cet objet minutieux et pleins de finesse

Est un des joyaux de la région Savoyarde

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