L'histoire de la lampe de poche à dynamo
Tout le monde connaît le principe de la dynamo sur les vélos : plus on pédale, plus il y a de la lumière ! Naguère, une telle application existait également pour les lampes de poche. Sans doute beaucoup de nos lecteurs en ont-ils possédé, ou vu, car elles furent très répandues jusqu’au milieu des années 50.
D’autant plus dans les pays de Savoie, car la seule usine en France à les fabriquer était installée à Cluses, dans la Vallée de l’Arve. Fondés en 1874, les établissements Bretton, spécialisés dans l’appareillage électro-mécanique, possédaient en effet le brevet de fabrication de ces lampes.
Fonctionnement et avantages de la lampe de poche à dynamo
Le principe en est assez simple : d’une simple pression de la main, on actionne la crémaillère de la poignée, qui impulse une rotation à un aimant placé dans un boîtier en alpax, un aluminium très résistant. Le courant alternatif ainsi produit permet l’allumage d’une ampoule.
La lampe de poche écolo !
Avantage principal : une autonomie totale du fait de l’absence de pile, et un emploi économique. Ces propriétés expliquent le succès de ces lampes de poche à dynamo pendant plusieurs décennies. Ce fut en particulier le cas pendant la guerre, temps de pénurie s’il en fut. La seule contrainte résidait dans le fait qu’il fallait pomper sans arrêt la poignée pour actionner la dynamo, ce qui pouvait, en cas d’utilisation prolongée, devenir douloureux pour les doigts. « Avec ça, on se musclait le poignet !», se souvient un ancien utilisateur.
La lampe de poche pratique !
Extrêmement pratique et résistant, de dimensions modestes, tenant bien en main et pouvant être fixé à la ceinture, cet accessoire était utilisé par tous ceux qui avaient des activités nocturnes : aussi bien le cultivateur pour aller voir les bêtes dans l’étable que les infirmières lors de leurs rondes dans les hôpitaux, mais aussi les ouvreuses de cinéma, et même les missionnaires sillonnant des contrées exotiques. Il semble qu’au début du siècle dernier, les contrebandiers l’avaient adopté pour leurs virées nocturnes, tout comme certains maquisards de la région pendant la Seconde guerre, qui venaient s’approvisionner, incognito, directement chez le fabricant Clusien.
L’histoire des établissements Bretton et de leur lampe de poche à dynamo
C’est que les établissements Bretton, dont ce n’était qu’une production annexe, vendaient directement ces lampes de poche à dynamo, sans passer par des intermédiaires. Les habitants de la vallée de l’Arve les achetaient au comptoir de l’usine. Pour le reste, les ventes se faisaient par correspondance : « Des annonces étaient passées dans des journaux à diffusion nationale, raconte une ancienne employée. Les commandes affluaient de toute la France. Chaque modèle était numéroté et expédié par la Poste, accompagné d’une ampoule de rechange. »
L’âge d’or de ces ingénieuses lampes de poche à dynamo prit fin avec la généralisation de celles fonctionnant avec des piles électriques, nécessitant moins d’efforts d’utilisation.
Quant aux établissements Bretton, jadis fleuron de l’industrie clusienne, ils ont fermé définitivement leurs portes en 1997.
Mais qui sait, peut-être que des exemplaires de ces lampes de poche dorment depuis des décennies dans maints greniers savoyards et dauphinois…
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