Le premier congrès national du Club Alpin Français eut lieu en Savoie en août 1876. Si pour la Suisse, la section de Genève était la plus importante, le Valais, le Tessin et Berne étaient bien représentés. Et pour l’Italie, outre le Piémont et le Val d’Aoste avec de nombreux délégués, Bergame et Florence avaient envoyé plusieurs alpinistes connus.
L’accueil des congressistes à Annecy, dans une ville en fête abondamment pavoisée, fut des plus chaleureux, notamment par le sénateur-maire Chaumontel ; l’adjoint Brunier ; le député Jules Philippe ; Camille Dunand, président du Club Alpin et du Comité d’organisation ; Gustave Ruphy, vice-président ; Docteur Rey, Eugène Tissot, le Comte Charles d’Asnières, M. de Fésigny ; Martin Francklin, président du C.A.F. de Chambéry et François Descostes, bâtonnier du barreau de la capitale de la Savoie, chargé de la presse, qui allait mourir subitement au cours de ce congrès. Une exposition sur la montagne et un musée de l’alpiniste avaient été réalisés par un groupe dirigé par Louis Revon, conservateur, et Eloi Serand, conservateur adjoint.
La conférence du professeur de géologie Lory, de l’Université de Grenoble, sur “les secrets du merveilleux lac d’Annecy et sur les montagnes de Savoie” captiva l’auditoire, comme furent appréciées les interventions des vétérans de l’alpinisme : le marquis de Turenne, de Paris, et le président du Club Alpin italien, César Isaïa, de Turin ; celles aussi du président du club de la Suisse, M. Freundler, et de l’Alpine-Club de Londres, Sir Herefort. Le clou des séances du congrès fut la magistrale conférence de François Descostes, brillant orateur de l’Académie de Savoie et alpiniste chevronné, sur “les temps préhistoriques du Club Alpin : Premiers vainqueurs du Mont-Blanc” : le guide Jacques Balmat (1762-1834) avec le docteur Michel-Gabriel Paccard, en 1786 et Horace-Bénédict de Saussure (1740-1799), géologue, physicien et naturaliste, en 1787.
Le programme du congrès comporta évidemment des ascensions et excursions par différents groupes selon leurs aptitudes : au Val de Fier, au Semnoz et aux Aravis pour les moins expérimentés ; le Parmelan, la Tournette et le Mont-Pourri en Tarentaise pour les plus chevronnés. L’expérience réussie d’un lâcher de pigeonsvoyageurs avec des messages suscita l’enthousiasme.
On ne conçoit pas un congrès de cette importance sans un fastueux et fameux banquet. Celui de clôture à Annecy fut merveilleux par la variété et l’abondance des mets composant le menu, par la qualité des vins, par la prolifération des discours et des toasts dont celui longuement applaudi du président Adolphe Joanne et par la bonne humeur des convives. Ce fut un congrès exceptionnel qui s’acheva les jours suivants par les réceptions cordiales des autorités à Chambéry, à Aix-les-Bains et à Challes-les-Eaux.
M. G.