1, 2, 3, 4… 22, 23 et 24 ! Les calendriers de l’Avent sont apparus en Allemagne au début du siècle dernier pour conjurer l’insoutenable attente précédant les étrennes. Ils sont aujourd’hui un élément incontournable des fêtes de Noël, au même titre que le sapin, la bûche ou les marchés de Noël. Mais leur esprit originel a bien souvent disparu…
Dans le calendrier chrétien, l’Avent désigne la période d’attente précédant l’arrivée du Messie, symbolisée par la fête de Noël. Les fidèles se préparent à la fois à célébrer la naissance du Christ et son retour annoncé sur terre. Le terme vient du latin adventus, signifiant venue, avènement.
Le premier jour de l’Avent marque le début de l’année liturgique. Il commence traditionnellement le dimanche le plus proche de la Saint-André (30 novembre), c’est-à-dire entre le 27 novembre au plus tôt et le 3 décembre au plus tard, et prend fin le 24 décembre, veille de la Nativité. Quoique variable d’une année sur l’autre, sa durée comprend toujours quatre dimanches.
La célébration de l’Avent remonte au Ve siècle lorsque l’évêque Perpet de Tours prescrit à ses ouailles un jeûne de trois jours par semaine à partir de la fête de la Saint-Martin, le 11 novembre : raison pour laquelle l’Avent était également appelée le Petit Carême. Au départ limité au seul diocèse de Tours, l’usage fut rapidement étendu à toute la France. Aux alentours des XIII et XIVe siècle, la coutume du jeûne s’estompa peu à peu et la date du début fixée aux alentours de la Saint-André.
L’avent est donc synonyme d’attente. Or – tous les parents en ont fait l’expérience – la patience n’est pas la vertu première des tout-petits ! À l’approche des fêtes de fin d’année, quand les rues et les devantures de magasins s’illuminent de décorations, que le sapin fleurit dans les salons, que les publicités envahissent journaux et télévision et les marchés de Noël s’installent dans les centres-villes, la même question revient chaque jour, lancinante : « Papa, maman, c’est encore loin Noël ? ».
Ce qui est vrai aujourd’hui l’était déjà hier, en dépit de conditions de vie bien différentes. Parce qu’il annonce la Nativité, l’Avent baignait dans une ambiance joyeuse, telle une longue veillée de fête. Rompant avec le quotidien du reste de l’année, les populations chantaient des chants de Noël à l’église, préparaient gâteaux ou biscuits secs, décoraient la maison par des guirlandes de papier, installaient la crèche… Les enfants ressentaient cette atmosphère particulière. Ils étaient impatients de recevoir leurs étrennes, aussi modestes fussent-elles. Les jours et les semaines précédant leur semblaient bien longs. Les calendriers de l’avent sont nés de ce souci légitime de canaliser cette insoutenable attente. Leur apparition est relativement récente – à peine plus d’un siècle – et nous vient d’Allemagne.
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Au cours du XIXe siècle, les familles chrétiennes d’outre-Rhin avaient coutume d’égrener le compte à rebours en distribuant chaque matin une image – pieuse cela va de soi – à leurs enfants. Peu à peu, ces images s’étoffèrent, se parant de couleurs chatoyantes et de décors somptueux, pour le plus grand ravissement des têtes blondes. Au-delà de son aspect ludique, l’exposition d’icônes et d’images pieuses était un moyen d’initier les enfants aux mystères et à l’importance de la Nativité.
Bien d’autres traditions avaient également cours, toujours pour contenir l’impatience juvénile. Par exemple, pratiquer des entailles sur une bougie et, chaque jour, la faire brûler d’un niveau. Ou tracer des traits de craie sur le chambranle d’une porte et les effacer au fur et à mesure. Ou encore, placer chaque jour un brin de paille dans le berceau vide de la crèche et, le dernier jour, y poser l’effigie de l’Enfant-Jésus. C’est également en Allemagne qu’est née la Couronne de l’Avent, inventée au début des années 1800 par un pasteur de Hambourg, directeur d’un orphelinat : constituée par l’assemblage de plusieurs branches de sapin, de laurier, de houx, de gui, de pommes de pin et de rubans de couleur, cette couronne comporte traditionnellement quatre cierges. Chacun d’entre eux doit être allumé lors des quatre dimanches précédant Noël.
Et puis, Georg Lang est arrivé. Vous ne connaissez pas Georg Lang (1881-1974) ? On attribue généralement à cet imprimeur du sud de l’Allemagne la paternité du calendrier de l’avent, tel que nous le connaissons de nos jours. La tradition raconte que ce fils de pasteur d’Heilbronn se soit inspiré d’un souvenir d’enfance : sa mère eut un jour l’idée de fixer sur une feuille de carton rigide vingt-quatre Wibele, des petits gâteaux spécialité de la région souabe, que le petit Georg décrochait chaque matin en attendant Noël.
Un calendrier pour l’Avent ? Que l’histoire soit véridique ou que, plus vraisemblablement, Lang se soit contenté de reprendre des exemples déjà existants, qu’importe. Au début des années 1900, devenu imprimeur, il décide de commercialiser un Adventkalendar. Les premiers modèles se présentent sous la forme de deux feuilles de cartons : la première comporte 24 cases, la seconde autant d’images à détacher chaque jour pour les coller dans les cases. Puis, très vite, il a l’idée géniale de fermer ces cases par un volet ou une fenêtre, que l’enfant doit ouvrir pour découvrir l’image imprimée à l’intérieur. Le succès est immédiat dans les foyers allemands et, de ce côté-ci du Rhin, en Alsace et en Lorraine.
Cet esprit originel, quel est-il ?
« La grande différence, se souvient Jérôme, la quarantaine, c’est qu’un calendrier, il y en avait un seul dans la maison, et pas un pour chaque enfant ! Avec mes deux frères, on ouvrait la case du jour à tour de rôle. C’était le premier geste au réveil : à peine sortis du lit, on se retrouvait en pyjama devant le calendrier posé sur la commode du salon ! Et si l’un de nous ouvrait la case alors que c’était n’était pas son jour, gare à lui ! »
Dans la famille d’Antonin, le même rituel prévalait
« Celui d’entre nous qui ouvrait la case du 24 décembre, la dernière et la plus grande, ne manquait pas d’être traité de veinard, sur le mode c’est pas juste, il a trop de chance, de toute façon c’est le chouchou… D’une certaine manière, en procédant ainsi, nos parents nous apprenaient le partage et la frustration. » Certains ne pouvaient pas contenir leur impatience. « Évidemment, on s’est tous amusés à ouvrir toutes les cases d’un coup pour découvrir les images, puis à les refermer tant bien que mal », rigole Stéphane.
Même son de cloche dans la famille d’Isabelle
« J’ai des souvenirs de ma sœur et moi devant le calendrier, chaque matin de décembre. Ma mère les confectionnait elle-même. Pas de chocolats ou autres gadgets, mais de jolies images, ou des petits proverbes écrits sur un morceau de papier. Une année, elle avait découpé une grande photo de famille en 24 morceaux, placés dans les cases. Le dernier jour, on a pu la reconstituer, comme un puzzle. Que de bons souvenirs ! J’ai repris cette idée avec mes enfants. Ils adorent. »
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