André Dussollier
Acteur et comédien : 126 films, 8 César du cinéma, 4 Molière du théâtre
On n’oublie jamais son pays natal, même – et peut-être surtout – quand on l’a quitté depuis longtemps. Ne plus y vivre attise d’autant le besoin d’y revenir. C’est dire si les Pays de Savoie demeurent chers à mon cœur. Ici sont mes racines à Annecy, où je suis né – un an après l’Almanach ! À Cruseilles, où j’ai grandi ; au col de Leschaux, où mes oncles agriculteurs nous accueillaient les dimanches ; à Saint-Julien, où, jeune collégien, une représentation de Poil de Carotte a décidé de ma vocation.
Je reviens souvent à Annecy. Ces séjours sont comme une pause, une trêve, une parenthèse. J’y trouve ce qui manque à Paris. Un calme, une quiétude, un relâchement qui tranchent avec le rythme perpétuellement effréné, et parfois superficiel, de la vie dans la capitale. Ce plaisir simple de s’assoir sur un banc au Pâquier pour se perdre dans la contemplation de ce tableau merveilleux entre lac et montagnes…
De mes origines, j’ai reçu en legs certaines valeurs savoyardes l’opiniâtreté, l’habitude de faire face, de se débrouiller seul, le goût du travail bien fait. Sans doute ne nous sont-elles pas propres, mais il me semble qu’elles s’exercent ici avec une acuité redoublée. C’est qu’il en a fallu de la persévérance pour domestiquer cette nature, certes magnifique, mais ô combien contraignante !
L’attachement au passé est un autre trait commun. Les Savoyards ne sont pas un peuple sans mémoire. De là vient la fidélité qu’éprouvent les lecteurs de l’Almanach Savoyard depuis sept décennies. Mêlant l’histoire et l’actualité, le passé et le présent, il est une sorte de fil tendu entre ce qu’ont été nos pays et ce qu’il sont devenus.