Martine Jaoul
Conservateur en Chef du Musée National des Arts et Traditions Populaires
Il y a maintenant cinq siècles qu’a paru le premier almanach en français « Le Grand Calendrier et Compost des Bergers », édité à Troyes en 1491, lequel allait devenir le modèle des almanachs que les colporteurs vendirent de village en village pendant plus de trois cents ans.
Ces livrets populaires connaissaient chaque année un véritable succès, car ils apportaient, dans la société rurale traditionnelle, au sein de chaque foyer, un des biens les plus précieux : le savoir, à travers la force de l’écrit.
En effet, c’est dans l’almanach que se trouvait le calendrier qui fixe les jours de travail et de peine, les jours de fête et de liesse. C’est l’almanach qui renseignait sur l’heure du coucher et du lever du soleil sur lequel se règle la vie quotidienne. C’est l’almanach qui indique les lunaisons, si importantes, croyait-on, pour les cultures, les prévisions météorologiques, si conséquentes pour les récoltes. C’est l’almanach encore qui gardait la mémoire des dictons et des proverbes, forme de transmission de la sagesse populaire. C’est l’almanach enfin qui apportait des nouvelles, des relations d’événements historiques ou des contes que l’on pouvait lire le soir à la veillée.
L’Almanach occupait aussi une place de choix, car il était souvent le seul livre, avec la Bible, à être lu quotidiennement.
Aujourd’hui, les moyens modernes de communication ont bouleversé notre monde. Si l’almanach ne joue plus son rôle d’aide-comptable du temps, il n’en n’es pas moins un ouvrage complet où l’on aime à puiser conseils pratiques, recettes de cuisine ancestrales ou explication de vieilles coutumes de notre pays.
Ainsi, l’ALMANACH DU VIEUX SAVOYARD, créé il y a 50 ans par Emile Rosset, et continué par sa famille, perpétue-t-il la tradition. Il s’est donné pour tâche d’exhumer les souvenirs du passé et de faire connaître la vie savoyarde, tant aux points de vue traditionnel, économique, historique, industriel, agricole, artisanal que culturel.
Ces 50 années de recherches lui confèrent une réelle valeur ethnologique qui constitue une référence auprès des personnes qui s’intéressent à la Savoie. Cet almanach correspond à ce besoin actuel de « retour à ses racines ».
Que vive donc l’ALMANACH DU VIEUX SAVOYARD, très longtemps, car c’est grâce à lui que continuerons de se transmettre les richesses de nos provinces et de nos terroirs.
Paris, mars 1994.