Plante de montagne, la pervenche

Ne vous fiez pas à son aspect gracile et à sa taille relativement modeste – quinze à vingt centimètres à peine. La pervenche est du genre « petit, mais costaud » : ses feuilles demeurent en effet vertes toute l’année. De cette résistance aux rigueurs de l’hiver vient son nom latin : vinca dérive de vincere, signifiant vaincre, triompher.

Cette plante alpine vivace est un sous-arbrisseau présent dans toute l’Europe, en Asie Mineure et dans le Caucase, jusqu’à mille mètres d’altitude. Vinca minor appartient à une famille comptant sept espèces, parmi lesquelles la grande pervenche (Vinca major), originaire de la zone méditerranéenne, ou encore l’exotique pervenche de Madagascar (Vinca rosea ou Catharanthus roseus).

De la tige des pervenches…

La souche traçante, longue parfois de plusieurs mètres, s’enracine en nœud, donnant naissance à deux types de tiges : les unes sont rampantes, formant de longs rameaux touffus, et ne fleurissent pas ; les autres, ascendantes ou dressées, ligneuses à leur partie inférieure, sont florifères. Les feuilles à court pétiole sont opposées, glabres et lancéolées. De couleur vert sombre, elles sont brillantes sur l’endroit, plus claires à l’envers.

 

A ses jolies fleurs violettes

Les fleurs à longs pédoncules poussent aux aisselles des feuilles. Dotées d’une corolle en forme d’entonnoir, elles portent cinq pétales aplatis à trois côtés, de couleur bleue tirant sur le mauve – mais pas seulement ! Si la pervenche est associée au fameux bleu qui porte son nom, elle se pare en réalité, selon les espèces, d’une large gamme chromatique, allant jusqu’au blanc en passant par toutes les nuances de violet et même le rouge.

La pervenche fleurit du début du printemps à l’été, formant à l’état naturel de vastes tapis dans les forêts (surtout de feuillus), les fourrés, dans les vignes, entre les rochers… Son feuillage persistant, ses belles couleurs vives et sa faculté à coloniser rapidement les lieux où elle est plantée en font une fleur très utilisée pour habiller parcs et jardins, talus, bosquets et massifs. Elle peut cependant devenir envahissante faute de taille.

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La pervenche se plante au printemps ou à l’automne. Si elle supporte tout type d’exposition, elle avoue une préférence pour les emplacements ombragés : au pied des arbustes dans un massif, dans une plate-bande à mi-ombre, dans les sous-bois. Elle affectionne les sols légers, frais et restant bien drainés, même en été.

Il est conseillé de choisir des plants aux feuilles bien vertes et aux tiges dressées. Les pieds doivent être espacés de 40 centimètres au minimum. Les mottes sont à placer dans un trou de deux à trois fois le volume du pot.

Rustique, la pervenche pousse facilement et ne nécessite pas d’entretien particulier. Les premières semaines après la plantation, un arrosage régulier favorise toutefois l’enracinement. La nature fait le reste : la pervenche se multiplie facilement et rapidement. Dans les jardins, elle constitue de fait un couvre-sol idéal, évitant ainsi le désherbage. Il faut simplement veiller à limiter à ce qu’elle ne déborde pas la surface qui lui a été dévolue.

Son surnom de « violette de sorciers » indique que la pervenche fut longtemps auréolée d’une aura magique. Au moyen âge, elle permettait de jeter un sort ou à l’inverse d’en conjurer un, et entrait dans la composition de philtres d’amour. Sans doute en raison de son feuillage persistant, elle était également considérée comme l’emblème de la fidélité, dans la vie comme dans la mort.

Dans certaines parties du nord de l’Europe, il était d’usage de la répandre sous les pas des jeunes mariés, au moment de la noce. De même les Anciens en tressaient-ils des couronnes pour les défunts, comme un symbole de fidélité à leur mémoire. De nos jours encore, elle est souvent considérée comme une « fleur de cimetière », fleurissant les tombes.

La médecine populaire lui prête depuis toujours nombreuses vertus thérapeutiques. Les principes actifs sont contenus dans les feuilles. Celles-ci sont riches en vincamine, un alcaloïde aux propriétés vasodilatatrices. La vincamine agit en particulier sur le cerveau : elle permet d’abaisser la tension artérielle et augmente l’oxygénation. En usage externe, ces feuilles broyées ont des propriétés astringentes et cicatrisantes.

Appréciées au jardin, les pervenches le sont beaucoup moins dès lors qu’on la rencontre sur le bitume. C’est le surnom des contractuelles chargées du contrôle du stationnement, appelées ainsi du fait de l’ancienne couleur de leur uniforme. Il suffit de se souvenir de Marie-Pervenche, une série télévisée des années 80 avec Danièle Evenou !

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